INTERVIEW - Frank Dileo






Question : Comment vous êtes-vous retrouvé à nouveau « impliqué » avec Michael ?
Réponse : Michael m’a rappelé pour la première fois il y a de cela 2 ans à son retour de Bahrain. Puis il est parti en Irelande et un certain temps à Las Vegas. Il m’a alors rappelé et nous avons commencé à parler de projets filmographique. Il y avait 2 scripts que nous souhaitions développer et produire. Puis il s’est impliqué dans son contrat de concerts. Il m’a appelé en Mars et a dit : « Frank, j’ai besoin de quelqu’un qui a une certaine expérience. Aimerais-tu être mon manager à nouveau et t’occuper de tout ça. ». J’ai répondu « oui, bien sur ». Au moment où je l’ai rejoint, tout était déjà signé. Dr Tohm Tohm (qui en passant est une personne dont je ne souhaite pas parler davantage dans cette interview) avait mal évalué le planning des dates de concerts, c’était quelque chose dont je devais m’occuper puisque Michael ne voulait pas performer plus de 2 fois par semaine.

Q : Quel est votre avis concernant les 2 médecins impliqués dans l’enquête le Dr Klein et le Dr Murray ?
R : Michael allait chez le Dr Klein depuis des années. Je ne sais pas comment il a rencontré le Dr Murray. Michael me la présenté en me disant que son contrat avec AEG incluait les honoraires d’un docteur qui l’accompagnerait à Londres pour ses concerts. Michael a insisté pour que ce soit le Dr Murray en disant que c’était son médecin de famille. Les honoraires que demandait Murray à la base étaient choquants. J’ai dit à Michael qu’à ce prix là je pouvais lui acheter un hôpital complet.

Q : Étiez vous au courant que Michael des problèmes avec les prescriptions médicales ?
R : Je ne savais pas. Il avait été en désintoxication durant les années 90, mais tout cela était normalement terminé. Je lui en ai parlé en Mars dernier il était très vexé. Il a dit « Frank penses-tu que je ferais quelque chose qui pourrait compromettre mes enfants et les laisser seuls ? Ne sois pas ridicule ! ». Qu’en dire ? Est ce que les addicts admettent leur addiction ? Non. Je n’avais pas d’autre choix que de croire ses mots. Il avait 50 ans ! Je n’ai jamais entendu parler de ce truc qu’il est sensé avoir pris (le Propofol) quand ils ont en parlé à la TV je n’en revenais pas.



Q : Quelle a été la réaction des enfants ?
R : Exactement celle que vous imaginez : ils ont couru vers moi, m’ont agrippé et se sont mis à pleurer et à hurler. Puis enfin Jermaine et La Toya sont arrivés, Randy est arrivé juste après. Puis l’employé des services sociaux a commencé à leur parler. Pendant ce temps je m’occupais de la presse, tentant de les empêcher de rentrer et je mettais en place la sécurité. Puis les enfants ont demandé à voir leur père. Ils ont alors déplacé Michael dans une chambre et l’ont recouvert d’un drap. J’y suis allé le premier, je l’ai enlacé embrassé et lui ai dit au revoir. 20 minutes après, la famille et les enfants ont fait la même chose. Tout le monde l’oublie mais Michael n’était pas juste mon client, c’était mon ami. Je l’ai toujours managé avec ce postulat de base. Nous étions amis dans les années 80, nous étions amis après qu’il m’ait renvoyé, nous avons toujours été amis.

Q : Comment avez-vous appris que Michael s’était écroulé ?
R : Un fan m’a appelé pour me dire qu’il y avait une ambulance devant chez Michael. Je venais de m’assoir pour déjeuner. J’ai appelé l’assistant de Michael pour savoir ce qui se passait. J’ai pris ma voiture et foncé à la maison de Michael. Quand je suis arrivé aux portes on m’a informé que tout le monde était déjà parti. J’ai fait demi-tour en direction de l’hôpital. En chemin Katherine m’a appelé. Je lui ai alors dit qu’elle devrait nous rejoindre à l’hôpital. En arrivant à l’hôpital ils « travaillaient » sur Michael dans une chambre. J’ai alors pensé que ça irait pour Michael, qu’il s’en remettrait. Puis l’infirmière est sortie et m’a regardé. Je l’ai regardée à mon tour et me suis presque évanoui. Son regard me disait que tout était fini. Ils ont pourtant continué à tenter de le réanimer jusqu’à ce que sa mère arrive à l’hôpital. Pendant ce temps les enfants étaient là dans une autre chambre. J’ai dû aller dans cette chambre avec un médecin et une personne des services sociaux pour leur annonçer ce qui venait d’arriver. Ce sont 2 choses que je ne veux jamais avoir à refaire. Excusez-moi une minute je risque de pleurer laissez moi prendre un peu d’eau.



Q : Michael était-il conscient d’avoir signé pour assurer jusqu’à 50 concerts ?
R : Absolument. J’ai lu le contrat. Je sais quel était le nombre minimum de concerts à assurer, et le nombre maximum. Ce contrat a été lu à Michael par trois avocats différents ainsi que par le Dr Thome. Il voulait battre le record de Prince et être dans le livre des Records. Il était l’unique à avoir atteint le chiffre de 50. Il y avait assez de tickets vendus pour réaliser 85 shows, mais il visait les 50. C’est ce qu’il voulait et ce qui a été décidé. Thome avait donc organisé entre 3 à 4 shows par semaine. J’ajustais et je déplaçais les dates pour rendre les choses plus acceptables pour Michael.

Q : Au’avez- vous fait après avoir été le manager de Michael la première fois ?
R : J’étais à New-York, je travaillais dans une entreprise de management dans le années 90. Puis je me suis retiré pendant un temps pour passer du temps avec ma fille et mon fils qui étaient à l’université. Mes enfants n’ont pas passé beaucoup de temps avec moi pendant leur jeunesse puisque j’étais souvent en tournées, je leur devais bien ça. Cette « retraite » a duré 7 ans. J’ai beaucoup travaillé autant que consultant. J’ai « acheté » une partie de Tribeca Grill avec Robert Deniro. En 2004 j’ai perdu la vue et il a fallu 6 opérations pour me la rendre. J’ai toujours une vision limitée. Je dois toujours porter des lunettes de soleil.



Q : Vous avez assisté à la plupart des répétitions de This is it ?
R : Absolument toutes. Il était en bonne forme. Il travaillait avec Lou Ferrigno. Il dansait plus de 3 heures par jour après son entrainement. Il était préparé. A plusieurs reprises il regardait et dirigeait. Il y avait des chansons qu’il avait chantées toute sa vie. Il n’avait pas besoin d’être à fond tous les jours. Les deux dernières semaines il a intensifié le travail. Une nuit avant de mourir, quand il est descendu après avoir répété 10 ou 11 chansons, Kenny Ortega était en bas des escaliers on s’est tous enlacé puis nous l’avons accompagné à sa loge. Michael a dit « Frank, je suis prêt je ferai les 50 shows. Surtout ne pense pas que je ne le suis pas ». Nous avons évoqué la possibilité de faire des stades après les 50 shows. Michael a dit « je n’ai jamais été aussi heureux. Depuis que tu es revenu les choses vont bien. Je vois la lumière au bout du tunnel. Nous l’avons fait une fois. Notre moment de le refaire est arrivé ». C’était la dernière fois que je l’ai vu vivant.

Q : Les gens disent que Michael pesait moins de 110 pounds (49.8951 Kg) et qu’il était en mauvaise forme
R : Non tout ça c’est de la merde de journaliste ! Il ne pesait pas moins de 110 Pounds. Il était autour de 140 pounds (63.5029 Kg). A son maximum il pesait quelque chose comme 155 (70.3068Kg).



Q : Vous me dites que c’était un homme très confient prêt à relever ce défit
R : Il savait qu’il avait 50 ans et que les autres danseurs étaient jeunes. Michael a poussé son endurance jusqu’au point qu’il pouvait supporter. Michael est un gars compétitif. Qu’importe que tu ais 5 ou 40 ans, tu ne peux pas mieux danser que Michael Jackson. Il t’aura tôt ou tard. Il s’était préparé pour ça.

Q : La presse a rapporté qu’AEG payait le Dr Murray 150 000 dollars par mois. Est-ce vrai ?
R : C’est la somme que j’ai accepté. La somme qu’il exigeait à la base était astronomique. AEG n’a pas engagé le docteur. Il était le médecin de Michael pendant des mois. AEG lui a juste avancé le paiment, ce qui était une part du budget. J’ai eu un entretien avec lui pour être sûr que Michael ait les bonnes vitamines, quels type de smoothies lui faire après les concerts plutôt du G2 ou du Gatorade. Il nous a dit qu’il était cardiologue et j’ai alors dit « Michael, c’est parfait. J’ai déjà fais 3 infarctus du myocarde et j’ai 7 stents dans le cœur si j’ai un problème à Londres ce mec sera là ».



Q : Le Dr Murray est le dernier à avoir vu Michael vivant ?
R : Oui il l’est. Personne ne sait ce qui s’est passé dans cette chambre. Nous devons attendre les résultats de l’autopsie et l’analyse toxicologique. Je sais que l’autopsie préliminaire a démontré que les organes de Michael étaient en bonne santé, son foie était en bon état et son cœur fort. Il a fait un arrêt cardiaque peut être dû a une allergie ou a une réaction dû à une interaction médicamenteuse.

Q : Ou en êtes vous maintenant ?
R : Il y a quelques points que je dois éclaircir. Je dois m’assurer que la succession comprenne certaines choses que je sais. J’ai été nommé au conseil de Sony/ATV Music Publishing. Alors j’y ai un rôle à jouer. Michael a écrit la lettre dans laquelle il me confère ce droit. Après avoir viré Thome, ils m’ont ajouté moi et Joel Katz.



Q: Cela vous attriste–il de voir que la famille Jackson lave son linge en public ?
R : C’est triste surtout que la famille ne sait pas ce qui se passait. Ils ne voyaient pas Michael tous les jours comme moi. Il était très proche de sa mère et de ses enfants. Je lui laissais son espace personnel pour être avec sa famille. Certains d’entre eux parlent de choses alors qu’ils n’ont pas assez d’éléments pour en parler. C’est juste de l’émotion. Ils doivent regarder la vérité en face.

Q : Quelle était la relation de Michael avec son père ?
R : Joe était son père et c’est ce que Michael voulait. Il ne voulait entendre parler d’aucun business, il attendait de lui qu’il soit son père. Il voulait être aimé comme un fils pas comme un produit commercial.



Q : Joe Jackson l’a-t-il jamais compris ?
R : Je ne sais pas. Regardez l’interview qu’a faite Larry King de Joe Jackson et faites vous votre opinion. C’était une épave...

Q : Vous devez toujours être en état de choc ?
R : Michael a crée un des plus gros shows jamais réalisé, une production de 27 millions de dollars. J’étais à ses côtés tous les jours. C’est triste que les gens ne puissent jamais voir ça. Mais le point crucial dans tout ça c’est que j’ai perdu mon ami. C’est tout ce qui m’importe.

Interview donnée le 30 Juillet 2009