Tournage abandonné du clip One More Chance - 2003



Extrait d'un article du journaliste Charles Thomson:

En octobre 2003, Michael Jackson a atterri à Las Vegas pour commencer une série d’apparitions publiques, qui allaient marquer le début de son retour soigneusement préparé. Conformément à sa nouvelle image – plus accessible ! – Michael a également participé à plusieurs séances de signatures d’autographes, dont les bénéfices ont été reversés à des organismes de charité.

Le samedi 25 octobre, les clés de la ville de Las Vegas lui ont été remises devant le centre commercial du Desert Passage, et trois jours après, il faisait une apparition aux Radio Music Awards pour interpréter son nouveau single caritatif: What more can I give.

Mais bien plus grisant pour les fans de la star, Jackson était à Las Vegas pour réaliser un nouveau clip vidéo.

Une nouvelle compilation best of, intitulée Number Ones, devait sortir le 18 novembre. Pensant que cela pourrait remplir ses obligations contractuelles vis-à-vis de Sony, Jackson a enregistré pour l’occasion une chanson inédite, One More Chance, et a accepté de la promouvoir en single. Voyant l’opportunité de remplir une seconde obligation contractuelle dans le même temps (il devait une performance visuelle à CBS), Jackson a décidé de tourner un clip accompagnant le titre. La vidéo aurait été diffusée le 26 novembre, à la fin d’une émission de CBS spécialement consacrée à la star avant d’être diffusé sur les autres chaînes.

Après avoir terminé la réalisation du clip, Jackson devait ensuite entamer ce que Stuart Backerman (porte-parole de Michael Jackson à l’époque) décrit comme une « tournée publicitaire triomphante » à travers l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud. « Nous devions partir pour trois mois », confie le porte-parole. « Nous devions participer à des séances d’autographes, des signatures d’albums, des évènements de fans, et nous devions participer à un évènement à Harrods à Londres (la célèbre boutique).

« Il devait remettre une récompense à Mohammed Ali à l’occasion des Bambi Awards en Allemagne. » ajoute Dieter Wiesner (son manager).”Nous devions également rencontrer Nelson Mandela ».

Nick Brandt, un collaborateur de longue date de Jackson devait réaliser le clip vidéo de One More Chance. Brandt avait travaillé sur de nombreux clips de la star dans le passé – incluant notamment le fameux clip Earth Song, qui combine l’engagement de Jackson pour l’environnement au talent photographique du réalisateur pour les terres sauvages. Leur projet le plus récent est Cry, clip réalisé en 2001 dans lequel Michael aurait refusé d’apparaître à cause de son conflit avec Sony.

Le tournage devait avoir lieu dans les studios de CMX Productions, et le concept était simple. La chanson était une ballade romantique à propos d’un amour perdu pour lequel Jackson implorait de lui laisser "une dernière chance". Le clip devait représenter une inversion des rôles, avec un public qui se tenait sur scène et regardait Jackson en train de danser dans une salle de cabaret vide et embourgeoisée, en enjambant les rampes et en sautant sur les tables. Le scénario semble garder une certaine corrélation avec la chanson et semble s’adresser à la presse et au grand public qui envahissent perpétuellement la vie privée de Jackson – un thème cher à la star – en montrant une foule d’anonymes en train de regarder Jackson dans un moment intime, hors de scène.

Techniquement parlant, rappelons que Jackson devait une performance visuelle à CBS, et l’objectif fut donc de créer une performance hybride qui satisferait la maison de disques, et ferait également office de clip vidéo qui relancerait sa carrière artistique. L’idée de base était de donner au clip une dimension live, en suivant Jackson en continu à travers la salle de cabaret, au lieu de couper les scènes entre elles pour en faire un montage, typique des clips vidéo.

« Nous avions cinq caméras qui le filmaient en travelling en permanence”, confie un membre de l’équipe de tournage qui a demandé à garder son anonymat après avoir parlé sans la permission du label. « L’idée était d’essayer de capturer l’image de Michael le plus possible en filmant en continu tout le club, pour capter un effet live. L’image passerait en continu et en douceur d’une caméra à une autre. Nous avions des temps de tournage limités car Michael organisait ses propres disponibilités. Nous avons donc décidé de filmer de cette manière pour nous assurer d’avoir des séquences cohésives. »

Devant se plier à un planning et un budget serrés, l’équipe de tournage a organisé une journée de répétitions avec Jackson. « Michael est venu ce jour-là pour répéter ses mouvements de danse avec Nick (le réalisateur) et pour travailler ses déplacements dans l’espace de la salle de cabaret. » explique le membre de l’équipe. « Cela a permis de déterminer sur quelles tables il allait sauter, et nous pouvions dès lors travailler l’éclairage dessus, etc. » Ces répétitions intimistes ont probablement duré 2 à 3 heures, peut-être 4.

“Observer sa façon de travailler avec Nick nous a donné beaucoup d’inspiration. Il aimait vraiment travailler avec Nick. Il était impliqué dans tout le projet. Il était évident, à le voir, qu’il était un artiste expérimenté dans le clip vidéo, il savait quel était le process de réalisation, connaissait le rôle de chacun. Il avait, avec l’équipe, des conversations pointues sur la composition, l’éclairage, la façon de capturer ses divers mouvements, et quels angles de caméra utiliser. C’était un véritable artiste. Il était enthousiaste à l’idée d’être investi dans le tournage lui-même et voulait concevoir quelque chose de spécial. »

Toutefois, le manager de Jackson, Dieter Wiesner, affirme que le chanteur n’était pas aussi enthousiaste qu’on se plaît à le dire. Une majeure partie du clip a été imaginée et élaborée en son absence, et il était frustré par le modeste budget imposé. « Michael ne se réjouissait pas tant que cela de ce projet », déclare-t-il. « L’ambiance était en effet très décontractée, mais cela ne ressemblait pas à ce que Michael souhaitait. Il avait toujours des projets plus grands les uns que les autres et c’était loin des clips haut de gamme qu’il avait réalisés par le passé ».

Wiesner ajoute que Jackson était également agacé de voir que les lieux du clip ressemblaient à ceux de l’un de ses clips les plus connus des années 80. « Lorsque nous sommes arrivés sur place, le décor était installé. Il a dit “On dirait Smooth Criminal”. Mais il a fait son job. Je pense que lorsqu’il commence à s’impliquer dans quelque chose, il le fait bien. Il n’en était pas satisfait, mais il devait livrer un projet pour CBS, et c’est ce qu’il a fait ».

Malheureusement, la seconde affaire judiciaire impliquant le Roi de la pop pour "attouchement sexuel sur mineur" éclata (Voir notre dossier spécial) et le clip dû être arrêté d'un coup.